Chers collègues du Conseil communal,
Chères amies et chers amis de Ciney,
Vous connaissez l’histoire du colibri qui invite chacun à « faire sa part » pour éteindre l’incendie qui ravage la forêt. L’invitation a tout son sens mais nous sentons bien le dérisoire de cette gouttelette lâchée au-dessus des flammes.
Sans doute vaudrait-il mieux voir le pélican faire le canadair, l’éléphant arracher des arbres pour créer un coupe-feu, le renard mettre à l’abri les animaux rampants, la buse, là-haut, indiquer d’où vient le vent pour orienter la fuite… sans doute vaudrait-il mieux identifier et valoriser les compétences de chaque animal et s’organiser… faire de la politique en somme !
Faire de la politique parce que nos parts individuelles ne suffisent pas pour réussir ce qui doit nous mobiliser généreusement : permettre à chacun.e de vivre une vie digne, ici et ailleurs, aujourd’hui et demain, construire une société plus juste, solidaire, conviviale, conscients de notre interdépendance avec l’ensemble des humains et avec la nature dont nous sommes partie.
Mais faire sa part, ce n’est pas seulement déposer sa goutte parmi d’autres. C’est aussi trouver SA part propre, celle qui nous rend le plus utile, qui nous met en joie aussi, tout en acceptant nos limites et en comptant sur la part singulière que d’autres accompliront.
J’ai eu l’occasion ici de ferrailler parfois durement depuis l’opposition avec un homme qui ne lisait pas encore de poésie pour rester zen au conseil communal. J’ai eu aussi l’honneur et la fierté d’être échevin avec un mayeur qui me faisait confiance et une administration pleine de ressources. Ce furent des étapes sur le chemin imprévisible vers d’autres responsabilités, à d’autres niveaux.
Exercer une responsabilité politique est un engagement envers celles et ceux qui nous élisent mais aussi envers nous-même : faire notre part, pas plus pour ne pas s’épuiser, pas moins pour être à la hauteur de ce que nous espérons comme futur pour nos enfants. Soyons-en fier !
Je pense qu’à chaque instant nous devons nous demander: est-ce que cette décision améliore la vie des plus pauvres et des plus faibles ? est-ce qu’elle prépare l’avenir au regard des défis climatiques et environnementaux ? est-ce qu’elle crée du lien et du sens en donnant une place à chacun.e au sein de notre communauté ? est-ce qu’elle protège et encourage la créativité des citoyen.ne.s, des associations, des entreprises qui veulent y contribuer ?
Faire de la politique collectivement, c’est aussi tendre la main et permettre à d’autres de faire également leur part en participant aux décisions collectives.
Aujourd’hui, j’ai décidé de transmettre mon expérience aux plus jeunes et aux organisations qui se mobilisent pour une transition écologique solidaire ; de créer l’espace pour qu’une nouvelle générations prennent des responsabilités, pour que de nouveaux enthousiasmes puissent participer à réenchanter la démocratie. Et à Ciney aussi, je fais le choix de transmettre mon mandat à quelqu’un qui s’y consacrera pleinement.
Aujourd’hui, je vous annonce avec un pincement au coeur que ce Conseil communal est le dernier auquel je participe et avec plaisir, voire fierté, que la relève est là, que France Masai, notre sénatrice cinacienne est prête à relever le défi de faire vivre l’écologie politique dans notre commune avec François et Valérie. C’est peu dire que je lui fais confiance pour travailler avec créativité, dialogue et intelligence au service des habitant.e.s de notre commune.
Je prends donc du recul par rapport à l’exercice de mandats politiques qui m’ont occupé intensément pendant de nombreuses années. Mais s’engager au service du monde que nous voulons voir advenir peut prendre de nombreuses formes, individuelles et collectives. Et sur ces chemins là, nous aurons, j’espère, encore l’occasion de nous rencontrer.
Je vous remercie pour votre attention.
Rétroliens/Pings