Le 2 décembre dernier, le Collège a décidé de participer à une démarche « Zéro Déchet » afin de bénéficier de subsides spécifiques. C’est très bien, pensons-nous. Mais voilà: les modalités de mise en oeuvre de cette démarche posent hélas déjà problème…

Car le Collège a délégué au Bep environnement, l’intercommunale namuroise de gestion des déchets, le soin de suivre et d’articuler ce dossier pour compte de la commune.

Le Bep est-il intéressé par la diminution des tonnages récoltés ?

Bep environnement est chargé depuis au moins vingt ans de la sensibilisation à la prévention, au réemploi et au tri des déchets. Il se charge d’ailleurs d’animations sur demande dans les écoles et les entreprises. Mais soyons clairs, c’est une intercommunale dont le modèle économique est financé par le tonnage des déchets récupérés et le nombre de vidanges effectués lors de leurs collectes. Ils n’ont absolument aucun intérêt à faire diminuer le nombre de déchets recyclés, et d’ailleurs, depuis vingt ans, on ne peut pas dire que les déchets aient diminués.

Or, dans la démarche zéro déchet ce n’est pas le tri des déchets qui est visé, c’est la réduction drastique des déchets, qu’ils soient recyclables ou non.  Nore conseillère Valérie Vanheer-Nagant l’avait déjà fait remarquer lors de la commission sur les poubelles à puces où le Bep Environnement était venu présenter le projet :  « Il n’y a aucun incitant pour les particuliers ou les entreprises à encourager ceux qui tendent vers le zéro déchet. Si vous n’avez que trois poubelles sur l’année, vous payez la même taxe fixe que ceux qui sortent leurs poubelles toutes les semaines ».

Pour écolo, clairement le  Bep n’est pas le bon interlocuteur pour l’objectif visé. Maintenant, il faut voir quel est l’objectif visé par le Collège, est-ce la majoration des subsides octroyé pour les communes dans la démarche zéro déchet, ou bien la réduction drastique des déchets ?

Qui sera représenté au Comité de pilotage ?

En ce qui concerne le travail de coproduction, nous nous réjouissons que ce ne soit pas un travail en vase clos. Mais quels sont les partenaires ou les types de partenariat envisagés? Comment seront sélectionnés ces partenaires ? Sera-ce sous forme d’appel à candidature? Le collège peut-il garantir que ce processus de coproduction sera réellement participatif afin d’y inclure toutes les catégories concernées ?

Et les aspects sociaux ?

On sait que les comportements respectueux de l’environnement ne sont pas prioritaires dans les ménages où les impératifs du quotidien (se loger, se chauffer et se nourrir) l’emportent sur toute autre considération. Il nous est revenu que beaucoup de ménages sortent chaque semaine leur poubelle à puce. Un point d’intérêt majeur doit être porté à la question de la précarité, que ce soit en termes d’accompagnement ou d’aide directe (par exemple du CPAS), de sensibilisation, de communication ou encore de la désignation d’une personne référente sur ces questions au CPAS.

En ce qui concerne le référent communal, aura-t-il le temps de gérer tout le suivi et notamment de coordonner avec le Bep toutes les actions inhérentes à ce projet, et tout cela en plus de ces tâches au quotidien ? Nous pensons notamment à la création et l’organisation d’ambassadeurs du zéro déchet, de la mise en place d’animateurs « experts » des composts publics, le diagnostic déchet du public précarisé, etc ..

Il est également important à nos yeux que les publics visés par cette démarche soit clairement définis, et il nous semble à cet égard, que la première priorité doit être pour les services communaux de montrer l’exemple et d’expérimenter les comportements qui pourraient être ensuite proposés à l’ensemble de la collectivité.

Enfin, qu’en est-il du délai de réalisation du contrat avec le BEP pour l’exécution de cette mission? La précipitation est souvent mauvaise conseillère. Il serait donc judicieux d’avoir dès maintenant un échéancier qui tienne la route afin de s’assurer que cette opération, que nous soutenons, ne se transforme pas en opération cosmétique qui permettra juste de cocher une case en plus dans un bulletin de fin d’année…