Encore une occasion manquée en matière commerciale : le collège privilégie une solution critiquée par les experts.
Alors même qu’il attend encore le diagnostic global de l’UCM permettant d’établir un plan d’action global et coordonné, le collège communal à Ciney se lance dans des mesures inadaptées et désordonnées. En atteste le projet de maternités commerciales à l’ordre du jour du Conseil de ce lundi 17 février.
Pour affiner davantage notre avis sur le projet de maternités commerciales déposé sur la table du Conseil, nous avons consulté Monsieur Jean-Luc Callonger, Président de l’ACMV, l’association de management des centres ville, une association qui depuis plus de 20 ans accompagne les villes dans la mise en œuvre de solutions opérationnelles et pragmatiques pour dynamiser et promouvoir leur territoire.
Monsieur Callonger est extrêmement clair sur les projets de maternités commerciales. Voici ses propos : « Je comprends que le principe de maternités commerciales puisse séduire. Mais, en 20 ans, je n’en ai jamais vu une fonctionner durablement. Dans la pratique, sur le long terme, cela ne prend pas. »
En l’écoutant, nous pouvons mieux vous exposer nos craintes quant à ce projet :
- Ce projet est présenté en l’absence d’un diagnostic étayé, de géomarketing, d’un plan d’action cohérent, coordonné, à court, moyen et long terme pour un centre-ville attractif et convivial.
- Il prend la forme d’un soutien unique, est concentré sur une seule ou un seul entrepreneur·e : le projet sur la table permet de soutenir un commerçant pendant 3 ans, prolongeable d’1 ou 2 ans. Ce n’est pas une avancée majeure pour la vitalité du centre ville….Ou alors… si on attend de cette unique personne de rendre le centre de Ciney attractif et convivial, quelle pression !
- C’est un projet nécessitant un investissement financier important.
Lors du Conseil de décembre, le Collège a mis au vote la prospection d’un bâtiment pour un montant maximal de 250.000 euros ; (avec une surface de min 80m2, rue du Centre ou du Commerce, et disposant d’une vitrine visible depuis le centre-ville).
Un coût financier trop important au vu de l’apport pour la ville. - Enfin, et j’aurais pu commencer par cela : le principe de déménager un commerce après 2 ans n’a aucun sens. La localisation pour un commerce est super importante. Un commerce qui fonctionne à un endroit n’a pas forcément le même impact plus loin, sur le trottoir d’en face ou encore une rue à côté.
Si le commerce fonctionne, c’est un non sens de demander au commerçant de se délocaliser. Et je ne pense pas que ce soit forcément à sa portée de racheter le commerce, comme le prévoit le projet de règlement.
D’autres mesures pourraient être plus adéquates selon nous, comme :
- un coup de pouce loyer pendant quelques mois,
- ou, si le Collège s’entêtait à investir dans la brique, des magasins éphémères, les fameux POP UP store, avec un bail de très courte durée (1 an maximum), qui ont alors pour but de redynamiser le centre ville et de tester le commerce.
Ecolo Ciney a ensuite fait deux amendements constructifs au règlement. Ils sont restés lettre morte. Quel dommage car, pour nous ils auraient apporté une vraie plus-value. Les voici :
Si ce projet devait voir le jour, voici deux amendements qu’Ecolo Ciney souhaiterait apporter au projet et qui concernent tous deux la recevabilité et critères d’examen des candidatures (ART 8 du projet de règlement).
- Rendre OBLIGATOIRE l’accompagnement par un opérateur spécialisé (UCM, Challenge, Job’in , Credal, Créa’jjob , ou une des 12 SAACE – structures d’accompagnement à l’autocréation d’emploi en Wallonie) Pour donner toutes les chances au projet d’être rentable et pérenne, il convient d’accompagner le candidat-commerçant d’un véritable coaching.
Le § 3 doit évoluer en ce sens.
La proposition actuelle “ Si le Collège communal le juge nécessaire” n’est pas assez volontaire.
- Une attention particulière doit être portée aux projets incluant une réflexion autour des circuits courts et de l’économie circulaire.
Pour créer de la valeur dans le centre ville de Ciney, il faut y amener des commerces qui ont du sens et de la valeur. De l’upcycling, qui permet de récupérer des matériaux ou des produits dont on ne se sert plus pour créer des objets ou produits de qualité supérieure; des circuits courts qui mettent en avant des saveurs ou des savoir-faire de notre région sans avoir parcouru trois fois le tour de la planète.
Un § spécifique doit absolument être rédigé en ce sens.
Enfin, puisque Ciney vient d’être sélectionnée, tout comme 38 autres villes et communes, dans le projet Creashop, par le Gouvernement wallon, il conviendrait selon nous d’agir à tête reposée, tenant compte des retombées que ce dispositif pourrait apporter à notre centre-ville. Concrètement, Creashop octroie à un nouvel entrepreneur souhaitant s’installer dans une cellule vide, une prime d’un maximum de 6.000€ représentant maximum 60% des dépenses effectuées pour l’aménagement du nouveau commerce.
La prime cependant n’est qu’une infime partie du processus. En effet, il ne s’agit pas de lancer seulement une prime à l’installation mais d’accompagner le candidat-commerçant d’un véritable coaching. Ainsi, à ce premier incitant peuvent s’ajouter au cas par cas des chèques spécifiques (gestion, design, digital, créativité, …) qui complètent cette approche pragmatique.
Sans diagnostic et plan d’action global, sans garantie sur l’accompagnement et le coaching des candidats-commerçants, sans plus-value liée aux circuits courts ou à l’économie circulaire, et sans intégrer la démarche de Créashop, Ecolo Ciney a donc voté contre ce projet, n’ayant aucune garantie qu’il tienne ses promesses.
Encore un coup dans l’eau. Dommage pour un centre-ville qui rame.
Rétroliens/Pings