Nous sommes nombreux à nous souvenir du combat mené par les Cinaciennes et les Cinaciens contre le projet d’incinérateur de déchets ménagers envisagé à l’époque à Achêne. Aujourd’hui, toute la région autour de Givet se trouve confrontée à un autre projet, celui d’une société anversoise qui se propose de construire un incinérateur de déchets de construction en territoire français. Ce projet constitue un réel risque pour la santé! Ecolo s’y oppose et a déposé une motion sur la table du Conseil communal. Celle-ci a été adoptée à l’unanimité.

Cet incinérateur traiterait 950 000 tonnes par an de déchets, parmi lesquels des mâchefers, des déchets de démolition, des terres polluées, des enrobés ou des cendres de papeterie. Le principal problème se situe au niveau de l’incinération de enrobés bitumineux, dont les rejets toxiques sont susceptibles d’affecter une zone très large, en raison des vents dominants. Or, l’étude d’incidences française ne tient pas suffisamment compte de ces caractéristiques. Ciney n’est qu’à 20km à vol d’oiseau du site envisagé, et dans la trajectoire des vents dominants… Matélé avait d’ailleurs interrogé le Professeur Alfred Bernard, toxicologue à l’UCLouvain sur les risques sanitaires de ce type d’installation; et ce qu’il déclarait ne laisse pas d’inquiéter:

« On a des risques d’émissions de toute une série de polluants : des hydrocarbures aromatiques polycycliques, qui sont des cancérogènes bien connus chez l’homme, mais aussi des émissions de particules fines et un risque de formation de dioxine sur ces particules. On a également un risque de pollution par des métaux comme le vanadium et le nickel, qui comportent des risques pour l’environnement et le système respiratoire. Ils augmenteraient la mortalité quand ils sont associés aux particules fines, selon des travaux récents. Enfin, cerise sur le gâteau, tout cela fonctionne avec du gaz donc il y a probablement des émissions importantes de dioxyde d’azote, dont on a longtemps sous-estimé les effets toxiques chez l’homme. »

D’autre part, l’évaluation des incidences ne fait pas mention de façon précise de la provenance des déchets, ce qui peut avoir une incidence assez importante sur la mobilité, l’impact sur les activités humaines et les nuisances environnementales en fonction du lieu de provenance. Le demandeur justifie le choix du site de Givet notamment pour ses avantages en matière de connexion portuaire (organisation logistique efficace pour les flux de matériaux entrant et sortant qui transiteront autant que possible par voie fluviale) et ferroviaire (vers la région parisienne). Cependant le chapitre « Trafic » de l’étude environnementale n’explique pas en quoi ces connexions sont réellement utilisées étant donné qu’il ressort que plus de la moitié du tonnage traité sera acheminé par transport routier (entre 120 et 180 véhicules par jour dont 100 poids lourds par jour). On imagine les conséquences pour toute la région.

Alors que des efforts majeurs sont entrepris sur l’ensemble de l’Ardenne namuroise, de la Fagne et du Condroz-Famenne en vue de promouvoir la région comme une « destination nature », ce genre de projet néfaste risque de mettre à mal toute cette dynamique. Pour cette raison aussi, nous n’en voulons pas.

Dans le cadre de cette enquête publique française concernant ce projet d’incinérateur à Givet qui se termine le 22 février, nous avons obtenu que le conseil communal prenne position contre le projet tel qu’il est présenté en l’état, rejoignant ainsi formellement de nombreux autres avis rendus, dont celui du BEP. Notre motion a été adoptée à l’unanimité moyennant quelques aménagements techniques. Nous demandons également à la commune de manifester cette opposition auprès de la ministre Céline Tellier, à qui il reviendra de transmettre l’ensemble des avis qu’elle a sollicités aux autorités françaises. Elle a du reste obtenu que l’enquête soit prolongée à cette fin jusqu’au 2 avril, par respect des procédures en matière de projet transfrontière.

Les citoyens quant à eux peuvent encore se manifester jusqu’au 22 février via cette plate-forme en ligne